Au cours de nos expériences professionnelles, nous rencontrons des innovateurs qui interpellent par leur singularité. Nous sommes ravis de vous les présenter et de partager avec vous leurs bonnes pratiques.
Cela fait des années que je connais Jean-Charles. Je l’ai accompagné au début de son aventure Oocandoo, société de conseil dans la transformation des entreprises dans le domaine du retail.
Quand j’entame cet entretien alors que je ne l’ai pas vu depuis deux ans, je retrouve immédiatement en lui cette sérénité intelligente qui font la marque des hommes tranquilles. Est-ce un héritage de sa période de vie passée en Asie ?
Toujours est-il qu’en discutant avec lui, vous comprenez rapidement que son cerveau fonctionne à plein régime et que les idées fusent.
En écoutant Jean-Charles parler d’innovation, vous entendez très souvent les mots « client », « excellence », « changement », « valeurs », « plaisir ». Car c’est sa raison d’être : inventer en intelligence collective pour servir et satisfaire le client tout en intégrant une prudence économique liée à l’incertitude de notre monde.
Jean-Charles est donc bien un innovateur ancré dans le réel et la tête tournée vers l’avenir. Un homme optimiste pour qui « la frugalité n’empêche pas d’innover » et qui fait « confiance en l’Homme ».
Le monde, les Marques, les magasins physiques
Dans ce monde qui change, les entreprises doivent apprendre à s’adapter.
Avec Oocandoo, Jean-Charles aide les Marques et les distributeurs à imaginer des produits, des services, des modèles économiques, physiques ou digitaux qui répondent aux besoins des clients tout en intégrant les contraintes environnementales et économiques.
« Avec le Covid, la guerre en Ukraine, le dérèglement climatique, le monde est en rupture de repères. Les gens doutent des hommes politiques, des institutions. Les gens ont des valeurs et recherchent du sens. Les Marques sont des repères tangibles qui véhiculent des valeurs.
Aujourd’hui le monde se réduit et les magasins physiques sont des lieux qui créent de l’interaction. Le magasin n’est donc pas mort. »
Et quand je demande à JYC quelles sont ses valeurs, la réponse est directe : « le travail et la collaboration. On ne peut pas réussir seul, il faut savoir s’entourer de gens compétents. »
L’innovation par Jean-Charles YOU
L’innovation n’est pas que technologique, loin de là. Elle n’est pas non plus réservée aux grandes entreprises qui dépensent des grosses sommes en Recherche et Développement. L’innovation faite en intelligence collective s’adresse aussi aux petites entreprises qui cherchent la pérennité de leur activité avec des objectifs de frugalité et d’économies financières.
« Je travaille dans un secteur d’excellence avec des clients qui sont pointus et leaders dans leur domaine pour apporter de l’émotion dans un parcours client en rapport avec les produits, les marques et les espaces de vente. C’est un travail sur les produits, les services et la transformation des modèles économiques, qui fait appel à la créativité, la technique et aux options digitales. »
L’innovation n’est pas que technologique.
« C’est un travail sur les produits, les services et la transformation des modèles économiques, qui fait appel à la créativité, la technique et aux options digitales.«
Mêler impératifs économiques et besoin d’innovation peut sembler difficile si on imagine qu’innover coûte cher. Ce n’est pas l’avis de Jean-Charles pour qui l’innovation est un moteur, une mise en action qui ne nécessitent pas de révolution. Pour lui, il suffit parfois d’ouvrir les yeux, les innovations sont à portée de main.
La sérendipité, ou l’art de trouver sans chercher.
Il ne suffit quand même pas d’être au bon endroit au bon moment ; encore faut-il avoir la sagacité pour interpréter, faire des liens, projeter ce que l’on observe sur ses besoins ou ceux de ses clients.
L’intuition serait alors la rencontre entre une problématique, des savoir implicites et un contexte.
« Prendre quelque chose qui a fait ses preuves dans un secteur, peut être adapté et utilisé dans un autre d’une manière complètement différente.
On peut ainsi agglomérer des solutions qui répondent aux besoins du client.
On est dans des processus d’économie. Travailler sur des concepts solides permet de faire des économies de recherche.» Et d’ajouter « On peut faire beaucoup en consommant moins ».
Pour cela, la méthode YOU c’est « écouter, écouter, écouter ». De la méthode Value Proposition Design, en passant par des sprints création et l’intelligence collective en mode projet, les outils de Jean-Charles sont orientés client avec comme objectif principal : répondre aux besoins client, donner de l’émotion et créer du lien.
Ainsi Jean-Charles travaille à la stratégie d’expérience, au développement des preuves de concept, au déploiement des idées et jusqu’à la formation des collaborateurs et utilisateurs des nouveaux concepts. Car comme il le dit « le premier principe c’est qu’une innovation doit être utilisée », c’est ce qui différencie une invention d’une innovation. La formation est donc importante à ses yeux car elle rend concrète l’innovation et assure un retour sur investissement.
« Le principal frein à l’innovation c’est l’argent. Les budgets se resserrent. On ne peut plus délivrer une solution sans explication. Le turn-over dans les magasins est tellement important que ça devient difficile de garder la notion d’objectif initial. J’utilise beaucoup les formations à distance en vidéo pour faciliter la compréhension des expériences clients : pourquoi, quels avantages pour le vendeur, pour le client, pour la Marque ? Qu’il s’agisse d’une opération ponctuelle ou de changer un parcours client sur du plus long terme. »
Un autre frein à l’innovation que rencontre Jean-Charles est le temps que met une invention à être acceptée.
« L’adoption fait le frein. Il faut apporter la preuve, du factuel et dépasser les biais cognitifs. Pour combattre ces freins, il faut trouver des gens réceptifs dans les organisations. Il faut aussi savoir prendre le temps. Je séquence les processus, je divise en tranches pour que mon client puisse dire j’arrête ou je continue. Il s’agit de transformer en utilisant la stratégie des petits pas.»
Des conseils pour ceux qui veulent déployer l’innovation ?
« Je prends énormément de plaisir à créer. J’ai toujours été émerveillé par des astuces qu’utilisaient mon père et mon grand-père quand ils bricolaient. J’ai gardé beaucoup de ces astuces, ça marche même dans d’autres contextes.
Il faut aussi savoir dépasser le plaisir créatif pour en faire un business. Il faut se coller au besoin et écouter, écouter, écouter le client ».
Et ça fonctionne. Les résultats sont là pour Oocandoo : des clients contents qui reviennent et des sourires dans les magasins, il n’en faut pas plus pour satisfaire Jean-Charles qui doit me quitter pour enchainer avec une autre visio-conférence. Prendre le temps et la stratégie des petits pas sur un projet nécessitent forcément d’en mener plusieurs de front. C’est ce qu’il fait.
Un cerveau qui fonctionne à plein régime je vous disais.
Propos recueillis par Nicolas VESLIN
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